L’intelligence artificielle prend ses marques
Ayant quitté la sphère de la science-fiction, l’intelligence artificielle s’apprête à transformer nos vies et de nombreux secteurs de l’économie. Elle a été au cœur de la deuxième édition du salon VivaTech, sommet du numérique et de l’innovation, qui a réuni des start-up du monde entier à la mi-juin à Paris.
Buzzword ou réalité ? L’intelligence artificielle, qui imite le cerveau humain et renforce les capacités des machines, est sur toutes les lèvres. Forgé dans les années 50, le terme n’est pas nouveau. Certains outils existent depuis des décennies. Mais ces dernières années, l’IA s’est vue propulsée dans une nouvelle ère, grâce aux progrès réalisés notamment dans le « deep learning » (en français, apprentissage profond), une technique fondée sur les réseaux de neurones virtuels, dans un contexte d’explosion des données. Capable désormais de performances remarquables en matière de classification d’images, de reconnaissance vocale, de traduction… elle sait synthétiser, tirer des conclusions et prévoir, ouvrant ainsi de nouveaux horizons. « L’intelligence artificielle est déjà entrée dans nos vies, de façon presqu’imperceptible », a lancé le pdg d’Orange, Stéphane Richard, à l'occasion du salon du numérique VivaTech. Organisé par Publicis et Les Echos, et dont Bpifrance est l’un des partenaires, ce salon a donné rendez-vous du 15 au 17 juin à 5 000 start-up du monde entier à Paris. Recommandations de Netflix, assistants virtuels, chatbots… autant d'instruments qui reposent sur des technologies liées à l'IA. Et ce n’est que le début...
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La prochaine vague de la disruption numérique
« L’intelligence artificielle, ce n’est pas de la science-fiction. C’est en train de se passer maintenant. C’est réel »
« L’intelligence artificielle, ce n’est pas de la science-fiction. C’est en train de se passer maintenant. C’est réel », a martelé Eric Hazan, directeur associé senior de McKinsey & Company, lors de la présentation d’un nouveau rapport du cabinet de consulting, à l’ouverture du salon. Et les entreprises ne peuvent plus l’ignorer. D’après l'étude de McKinsey, baptisée Artificial Intelligence : The Next Digital Frontier, « l’intelligence artificielle est sur le point de déclencher la prochaine vague de la disruption numérique ».
Signe de la fièvre, les investissements en IA accélèrent (entre 30 et 40 milliards de dollars dans le monde), même s’ils sont principalement le fait des géants de la tech, tels Google et Baidu, et que l’adoption des technologies d’IA par les entreprises en est encore à ses débuts, avec, en tête des secteurs les plus avancés, ceux de la high-tech, de la finance, de l’automobile et des télécoms, loin devant le tourisme, par exemple. « Si vous êtes une grande ou une moyenne entreprise, vous devez avoir entamé votre voyage numérique pour être prête à adopter l’intelligence artificielle », a alerté Eric Hazan. L’adoption de l’IA étant liée au niveau de transformation déjà engagée. D’après McKinsey, les firmes qui ont été les premières à adopter l’IA et des stratégies proactives dans ce domaine affichent de bien meilleures performances. Et elles creusent l’écart avec les autres : leurs marges bénéficiaires sont en moyenne entre 5 et 15 % plus élevées comparées à celles des autres entreprises du même secteur.
Comment l’IA révolutionne l'économie
Qualifiée de « nouvelle électricité » par l’expert mondial en intelligence artificielle Andrew Ng, l’IA s’apprête à transformer les pans entiers de l’économie. La santé est souvent évoquée comme un domaine qui pourrait grandement bénéficier des technologies fondées sur l’IA, notamment via des algorithmes capables d’identifier les maladies avec plus de précision et de rapidité, à partir des données issues des historiques des patients. Les robots conversationnels pourraient eux aussi jouer un rôle, par exemple dans le tri entre appels urgents et ceux qui le sont moins, une solution déjà expérimentée par les services de santé britanniques.
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Déjà, avec la voiture autonome et connectée, l’IA a fait une entrée remarquée dans le secteur de l’automobile. Grâce aux robots et aux assistants virtuels, elle devrait également transformer l'industrie manufacturière, dotée d'usines et de chaînes logistiques où les produits communiquent avec les machines et les machines, entre elles. L’IA a par ailleurs déjà fait ses premiers pas dans le commerce de détail, surtout dans les entreprises nées avec le numérique, où elle sert notamment à prévoir les tendances, à personnaliser les promotions, à améliorer la gestion des entrepôts.
Si les algorithmes et les bots ont le potentiel de transformer la finance, du trading à la relation client, ils changent aussi la donne pour le secteur de l’assurance, avec la possibilité de meilleures prédictions de catastrophes, sans parler de la capacité de certains bots de traiter une demande, vérifier s’il n’y a pas fraude, la valider et transférer les fonds… en quelques secondes. Et que dire du droit, avec des legalbots qui connaissent les textes et la jurisprudence par cœur ? Ou ce bot « avocat » qui a réussi au Royaume-Uni à refuser avec succès des milliers d’amendes de parking…
L’éducation, avec la possibilité de personnaliser l’apprentissage en fonction des capacités des personnes formées, l’énergie électrique, où l’IA peut rendre les réseaux intelligents encore plus… intelligents, viennent s’ajouter à la longue liste de domaines dans lesquels se dessinent les perspectives de mutation. Quant à celui des télécoms, le patron d’Orange en a livré l’illustration : l'assistant personnel Djingo ou le lancement prochain d’Orange Bank, disponible 24 heures sur 24 via les chats et la voix (grâce à l’intelligence artificielle d’IBM Watson) sont quelques-uns des exemples d'avancées liées à l’IA pour son groupe. Enfin, a observé Jérôme Pesenti, pdg de BenevolentAI, l’IA peut faire la différence dans toutes les tâches très répétitives.
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— LaurenceLeNy (@LaurenceLeNy) 15 juin 2017
Nombreux défis
Porteuse de promesses, l’IA n’est pas sans poser certains défis. Former la main d’œuvre sera par exemple un enjeu majeur. « Les travailleurs auront besoin d’une palette de compétences très différente, qui fait appel à l’intelligence émotionnelle et à la créativité », a prévenu Eric Hazan, de McKinsey. Par ailleurs, la question des risques techniques liés à la sécurité, ainsi que des problèmes éthiques se poseront forcément. Bref, l’intelligence artificielle suscite aujourd'hui autant de peurs que d'espoirs.
Les start-up en effervescence Près de 5 000 start-up de toutes les nationalités - nombre d’entre elles travaillant sur l’intelligence artificielle – ont participé à l’événement VivaTech. Le prix de l’innovation, décerné par LVMH, a récompensé Heuritech, une jeune pousse française experte du deep learning qui propose un assistant virtuel capable de détecter des détails sur des images de mode, permettant d’en identifier les tendances.
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