Demain : vers une motorisation propre

Pour répondre à l’urgence climatique et atteindre l’objectif de neutralité carbone fixé à 2050, il est essentiel d’opérer rapidement une transition vers une motorisation propre.

Nous n’avons plus le temps d’attendre. En France, le secteur des transports est responsable de 38 % des émissions de CO2. « Le réchauffement climatique s'accentue de jour en jour. On n’a pas d’autre choix que d’agir pour transformer ce secteur. », affirme Benoit Calatayud, responsable sectoriel transition énergétique chez Bpifrance. Et pour cela, il est nécessaire de développer, en France et en Europe, des filières liées à la motorisation propre autour de technologies comme l’hydrogène, le biogaz et les batteries électriques.

Motorisation propre : plusieurs technologies pour plusieurs usages

Demain, « il y aura plusieurs technologies pour plusieurs usages », explique Benoit Calatayud. Pour les experts Bpifrance, à horizon 2030-2050, l’électrique fonctionnant à l’aide de batteries devrait s’imposer pour le transport particulier. Pour le transport lourd et longue distance, le biogaz constitue une solution transitoire crédible avant le déploiement massif de l’hydrogène d’ici 2050. Ainsi, l’usage de chaque technologie sera déterminé par sa compétitivité-coût et par ses spécificités techniques.

La motorisation propre doit être considérée dans l’ensemble de son cycle de vie, de la production d’énergie au recyclage des technologies utilisées et à leur reconditionnement. Pour Vincent Gois, directeur du financement de l’équipement de Bpifrance, « C’est la seule façon pertinente de mesurer les émissions de gaz à effet de serre. On parle aussi de l’approche du berceau à la tombe ».

Faire émerger des champions européens

Pour des raisons de souveraineté économique, il est indispensable de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur des technologies de motorisation propre. « La dépendance excessive qu’on connait vis-à-vis des acteurs asiatiques sur les batteries électriques est un frein au développement de la filière », ajoute Benoit Calatayud. « L’enjeu est donc de structurer une filière batterie en France et en Europe. Le biogaz et l’hydrogène décarbonés doivent eux aussi être produit idéalement localement pour maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur ».

Un soutien financier public important est  incontournable pour accompagner le développement des motorisations propre en France et faire émerger des champions européens. « Bpifrance peut agir massivement en apportant un soutien de l’innovation à la pré-industrialisation pour effectuer des passages à l’échelle qui permettront de réduire les coûts. », explique Benoit Calatayud. Mais pour être efficace, ce soutien doit s’accompagner d’une règlementation et d’une fiscalité adaptées, notamment afin d’accélérer la transition vers l’électrique dans les zones urbaines.

Bémol, cette transition vers une motorisation propre devrait induire des transformations structurelles pour les constructeurs déjà fortement impactés par la crise du Covid-19. « A court terme, il est clair que l’industrie du diesel et l’industrie automobile en général vont souffrir, c’est inévitable. En même temps, on voit de très fortes opportunités de développement, en particulier pour les territoires, puisque l’enjeu est de structurer des filières locales, des écosystèmes locaux qui permettront de partager de la valeur ajoutée pour l’ensemble des acteurs de ces filières, de la production à l’usage au niveau local », conclut Vincent Gois.

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