L’Etat a annoncé les détails de son plan d’action pour développer l’hydrogène en France. L’objectif est de rendre plus verts certains secteurs comme l’industrie ou la mobilité lourde.
7,2 milliards d’euros investis sur dix ans. C’est la part du plan de relance, présenté le 8 septembre dernier par le gouvernement, pour décarboner l’économie française grâce au développement de l’hydrogène sur le territoire. « C’est un énorme coup d'accélérateur, avec un objectif simple : construire une filière française de l'hydrogène décarboné, de portée internationale, avec à la clé, 6 millions de tonnes d'émissions de CO2 économisés en 2030 », précise Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique.
Décarboner l’hydrogène
En 2019, la France a produit 70 millions de tonnes d’hydrogène, mais la majorité de cette production est fabriquée à base d’énergies fossiles. La première priorité est de produire de l’hydrogène vert, en permettant aux entreprises de passer le cap de la R&D et produire au stade industriel. Sur la période 2020-2023, 3,4 milliards d'euros y seront alloués dont plus de la moitié pour la décarbonation de l'industrie (54 %). L’Ademe prévoit déjà de lancer deux appels à projets. Le premier, sur les « briques technologiques et démonstrateurs », est doté de 350 millions d’euros sur 3 ans. Il vise à développer des composants pour la production, le transport et la consommation d’hydrogène. Le deuxième appel à projets, doté de 275 millions, concernera des « hubs territoriaux », c’est-à-dire le déploiement, par des consortiums réunissant des collectivités et des industriels, d’écosystèmes « de grande envergure regroupant différents usages (industrie et mobilité) pour favoriser au maximum des économies d’échelle ».
Dès 2021, le gouvernement va travailler à la construction d’un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC/IPCEI) sur l’hydrogène. Il s’agit notamment de faire émerger en France des projets de « gigafactory » d’électrolyseurs. « L’hydrogène peut permettre à l’Europe de gagner en indépendance énergétique », explique Alessandro Gonella, directeur d’investissement chez Bpifrance.
Un avion neutre en carbone en 2035
La deuxième priorité portée par ce plan de relance est de développer une offre de mobilité lourde. « Les camions, les trains et les bateaux sont les trois secteurs où l’hydrogène a une carte à jouer », assure le directeur d’investissement. Dans ce contexte, le constructeur automobile PSA a annoncé le lancement de véhicules utilitaires alimentés à l’hydrogène pour fin 2021. Du côté des lignes de train, des premiers essais devraient avoir lieu en 2023 et des rames de séries verront le jour en 2025. Mais l’Etat souhaite aller encore plus loin : « Il faut qu'en 2035 nous ayons réussi à avoir un avion (...) neutre en carbone, et l'hydrogène est probablement l'option la plus prometteuse », a indiqué Bruno Le Maire lors de la présentation du plan de relance.
L’avantage de ce vecteur énergétique, « c’est qu’il peut permettre de stocker de l’électricité », précise Alessandro Gonella. Pour ce faire, la France va devoir développer les savoir-faire nécessaires pour la production de masse des piles à combustible, un des éléments clés d’un système de propulsion à hydrogène qui permet de transformer l’hydrogène en électricité. En bref, les points clés de ce plan d’action reposent sur la recherche, l’innovation et le développement de compétences. Mais le ministre de l’Economie insiste : « Nous n'aidons pas pour rien, nous aidons pour qu'il y ait des emplois, des usines, de la relocalisation industrielle... ». L’objectif : générer entre 50 000 et 150 000 emplois directs et indirects dans l'Hexagone.