Innovation : la deep tech promet des changements profonds
Intelligence artificielle, robotique, Internet des objets : toutes ces nouveautés appartiennent au monde de la deep tech, de nature à réellement révolutionner nos habitudes et notre économie. Tournée de quelques start-up qui œuvrent, chacune dans son domaine, à la disruption.
Il y a la tech et la deep tech. Tout le monde connaît la première. C'est Uber, par exemple, qui a révolutionné le monde du partage avec son offre de voitures avec chauffeurs, mais en s'appuyant en fait sur une technologie existante, les plateformes.
La deep tech, en revanche, c'est bien autre chose. Il s'agit, pour les start-up engagées dans ce domaine, de repousser les frontières technologiques, grâce à des avancées scientifiques qui créeront de véritables ruptures. Une nouvelle technique pour lutter contre le cancer ou le changement climatique, par exemple. Dans les PME comme dans les grands groupes, de la conception à la fabrication de produits, de la gestion à la maintenance, tout pourrait changer... Et tous les domaines sont concernés.
De la grande distribution à la santé
Dans le domaine de la santé par exemple, NovaGray, à Montpellier, est spécialisée dans la détection d'effets secondaires chez les patients soumis à la radiothérapie. Grâce à un « simple » test sanguin, aujourd'hui développé et commercialisé, la société réussit à identifier, avant la radiothérapie, les patients qui risquent de développer des effets secondaires lourds.
De son côté, Poietis, une société basée à Pessac (Gironde) et spécialisée dans la conception de thérapies de médecine régénératrice et personnalisée issues de la bio-impression 4D par laser, a conclu en septembre 2016 un contrat de collaboration exclusive avec L’Oréal. Le but ? Imprimer un follicule pileux, qui produit le cheveu, avec une bio-imprimante. De même, avec BASF, Poietis travaille au développement de tissus bio-imprimés et en particulier sur un nouveau modèle de peau bio-imprimé. Premier essai clinique sur un être humain dans 3 à 5 ans...
Dans la robotique, la start-up Botfuel, basée en région parisienne, crée une plateforme de développement de chatbots à destination des entreprises. Constatant que les solutions existantes ne répondaient pas aux besoins des entreprises, la société a conçu la sienne. Elle permet de développer des chatbots pour des plateformes comme Facebook Messenger, Slack, Skype, Twitter ou Telegram. Les entreprises qui l'adoptent peuvent ainsi profiter de l’intelligence conversationnelle pour optimiser la relation client.
Toujours pour les entreprises, la société Nanolike, basée à Toulouse, a lancé ses premiers nanocapteurs, permettant des mesures innovantes. Ainsi, une chaîne de distribution pourra, en équipant les rayons de ses supermarchés, s'assurer d'un approvisionnement optimal, tandis qu'un gestionnaire d'éolienne ou de barrage sera prévenu d'une panne imminente grâce aux mesures effectuées en continu. Enfin, les municipalités pourront, en dotant les poubelles publiques de capteurs, effectuer des ramassages en fonction du remplissage. De même, les silos à grains, les distributeurs d'essence, les constructeurs automobiles et bien d'autres industriels pourront tous utiliser ces outils pour optimiser la logistique, la surveillance des structures ou la maintenance prédictive. Il s'agit donc bien d'une révolution profonde à laquelle oeuvrent les entreprises de la deep tech.
Inventrice de revêtements « intelligents » qui changent de couleur en fonction de la température, de la pression ou de la lumière, OliKrom est une start-up atypique. Basée près de Bordeaux, elle est un excellent symbole du courant deep tech qui décolle en France et dans le monde. Née des travaux de Jean-François Létard, ancien directeur de recherches au CNRS, menés au sein de l'Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux, OliKrom a développé des pigments capables de changer de couleur en fonction des modifications de leur environnement : changement de température, contraintes de pression, modification de la luminosité, présence d'un solvant ou d'un gaz...
L'Europe bien positionnée
La Silicon Valley semble dépassée ! L'Europe serait en effet en pointe dans le domaine
Et la Silicon Valley semble dépassée ! L'Europe serait en effet en pointe dans le domaine. Selon un rapport d'Atomico (un fonds d'investissement dans les entreprises innovantes basé à Londres), publié en novembre 2016, l'Europe compte cinq des 10 plus prestigieuses institutions scientifiques au niveau mondial. En outre, les investissements dans la tech européenne n'ont cessé de croître ces dernières années : les montants de 2016 équivalent à 13 milliards de dollars, contre 2,8 milliards de dollars en 2011.
Les sociétés de la deep tech ont bien besoin de ces fonds. En effet, entre recherche, développement, essais, validation et commercialisation, il peut se passer plusieurs années. Dans le cas de NovaGray, par exemple, les chercheurs ont commencé à travailler au test sanguin en 1995, mais n'ont obtenu la validation de l'essai clinique qu'en 2015... Et comme pour les médicaments, certaines technologies actuellement développées risquent d'être finalement inadéquates ou non viables. Les enjeux, pour les fondateurs mais aussi les investisseurs, sont donc de taille. Mais l'avenir, économique et sociétal, auquel contribue la deep tech ne s'écrit pas forcément sans rature...